A l’heure où j’écris ces lignes, le cessez-le-feu est survenu entre Israel et Gaza. Ce n’est pas le premier. On peut craindre que ce ne soit pas le dernier. Chacun sait qu’il n’y a pas encore de véritable paix. Chacun sait aussi que si cette Paix aura un coût, comme la Vie elle-même, elle n’a pas de prix. Peut-on s’accorder sur quelques propositions ? Proposition 1 en Israël, l’armée sert à protéger les civils et les enfants. A Gaza, les enfants et les journalistes servent de bouclier au Hamas. Nous ne serions simplement plus là pour en discuter si les forces avaient été inversées, ou si le Dôme de Fer n’avait pas existé. Proposition 2 Refuser l’existence aux juifs en tant que nation et refuser la vie aux juifs en tant qu’individus sont des propositions identiques. L’antisionisme est l’autre nom de l’antisémitisme. Cette équivalence est une évidence et un truisme. Proposition 3 L’indignation sélective, qui ne dénonce que les situations dans lesquelles des juifs sont impliqués, est le symptôme, sournois et hypocrite, du syndrome antisioniste. Proposition 4 Combattre l’intégrisme islamique est accepté pour toutes les démocraties SAUF pour Israël, ce petit état de survivants résilients qui dérange tant. Cette singularité est un autre symptôme de ce même syndrome. Proposition 5 Le prix d’une roquette équivalent à celui de 5,000 vaccins contre le Covid 19, ne pas lancer quelques milliers de roquettes aurait permis au Hamas de vacciner 20,000,000 personnes, soit 3 fois TOUS les Palestiniens qui vivent a Gaza, en Judée et en Samarie. Proposition 6 Dans un monde où tous sont connectés, chacun peut dire n’importe quoi, et la vérité est mise au même niveau que le mensonge. Il faut donc rappeler que Gaza n’est plus occupée par Israël depuis le retrait unilatéral ordonné par Ariel Sharon. Proposition 7 En corollaire, si Gaza n’est pas sous occupation, et si les gigantesques montants alloués par la Qatar et la Turquie, l’Iran et l’Europe n’avaient pas servi aux roquettes, Gaza aurait pu consacrer ces sommes à des projets constructifs et pacifiques pour tenter de devenir un autre Singapour, dont elle partage à peu près la superficie. Proposition 8 L’Europe, dans un savant mélange et une alchimie contradictoire, associe antisémitisme séculaire et culpabilité secondaire à la Shoah, volonté de se dédouaner de 2,000 ans de persécutions et de s’amadouer l’islam des rues. Avec effronterie, elle parle d’apartheid au moment où entre en place un gouvernement israélien qui inclut un parti islamiste, sans se demander pourquoi un parti sioniste est inconcevable en terre d’Islam. Proposition 9 Comme un virus qui mute, l’antisémitisme a successivement revêtu divers attributs racial pour les nazis, économique pour les communistes, religieux pour les catholiques. L’antisionisme, récente mutation de l’antisémitisme, en est la version nationale, qui permet de réunir les attributs précédents en une nouvelle forme adaptée a l’islamogauchisme clientéliste. Proposition 10 Le mode de fonctionnement de cet antisionisme-antisémitisme a été analytiquement défini par Nathan Sharanski, dans la règle des 3D. D1 Double standard. Ce qui est vrai pour les autres ne l’est pas pour les Juifs, et inversement. D2 Diabolisation. Les Juifs sont coupables par définition, de manière axiomatique et postulatoire. D3 Dégélitimation. Les Juifs n’ont pas le droit d’être en Israël, ou de s’y défendre, ce qui revient au même. Comme ils n’ont pas le droit d’être ailleurs non plus, pour les tenants de cette attitude, se pose une question indécidable. Les gens n’ont-ils donc rien appris de l’Histoire ? L’Histoire ne se répète pas. Elle se déroule en se renouvelant. Elle bégaye. Ni linéaire, comme si le passé n’importait pas, et que le futur n’était qu’une course folle vers un avenir déterminé. Ni circulaire, comme si le passé se répétait sans innover, et que le Destin était écrit une fois pour toutes. Elle est hélicoïdale et spiralée, revenant sur elle-même, mais se renouvelant sans cesse. Elle est comme la femme aimée du poème de Verlaine, toujours la même mais toujours une autre. L’Histoire n’est pas écrite d’avance parce que les Hommes la réécrivent à chaque instant. Elle est donc ontologiquement indéterminée. Et si son étude ne permet pas de prévenir le futur, au moins permet-elle de dégager quelque Sagesse. C’est ainsi qu’on peut s’abreuver aux deux sources qui ont nourri notre civilisation occidentale la Bible et la Grèce. On peut y choisir quelques héros emblématiques, dont l’exemple peut nous aider a dégager un sens dans les moments dramatiques que nous traversons. La Bible d’abord. Joseph, Moïse, David. Parce qu’il représente la force conquérante qui séduit la jeunesse, parce qu’il fonde la Nation Juive, David est le héros de mes 20 ans. Parce qu’il représente la Libération du Peuple juif, et sa naissance dans la douleur, parce qu’il est l’accoucheur du Peuple juif, Moïse est mon préféré à 35 ans. Moïse est à l’origine des deux idées originelles et fondatrices de l’Occident, la Libération plutôt que la soumission la Sortie d’Egypte, et la Loi plutôt que l’autoritarisme arbitraire le don de la Loi au Sinaï . Pourtant à 50 ans, c’est Joseph mon préféré. Trahi par ses frères, enlevé à son père Jacob, emprisonné par Pharaon, déterminé, résilient, et magnanime, il surmonte toutes les difficultés, réagit à toutes les épreuves, et ne se laisse abattre par rien. Il est l’auteur de sa propre histoire. Quand il tombe, c’est toujours pour se relever. Et relever les autres par la même occasion. La Grèce ensuite. Prométhée, Antigone , Ulysse. A 20 ans, Prométhée est mon préféré, il préfigure la maîtrise des hommes sur la nature. Il anticipe symboliquement le Pouvoir qu’apportera plus tard la Science et la Technique. Le Savoir et Le Pouvoir. A 35 ans, Antigone est ma préférée. En résistant à l’autorité, ne se soumettant qu’à sa morale personnelle, elle symbolise la primauté de la Conscience sur la Loi. Elle introduit l’Ethique. Pourtant à 50 ans, Ulysse sera mon préféré. Lors de la Guerre de Troie, chacun est dans son droit et tous ont tort. Les raisons des uns valent celles des autres. Tout est gris clair ou gris foncé, mais jamais noir et blanc. La ruse d’Ulysse lui permet de dépasser la force d’Ajax ou la vaillance d’Achille. Sa détermination lui permet de vaincre les obstacles mis sur sa route pour retrouver Ithaque et Pénélope. Joseph et Ulysse. Similitude de Destin. Héros modernes. Résilience et détermination. Ténacité et persévérance. Ne jamais renoncer. Survivre à tout. C’est aussi le message que j’ai reçu de mon père, seul rescapé de sa famille, dont la déportation par les nazis a été marquante dans la formation de mon caractère. Gaza et Israël. La Grèce et la Bible. Joseph et Ulysse. Mais quel rapport avec le conflit actuel ? Quels exemples nous donnent-ils ? Nous aspirons à la paix, à la tolérance réciproque, au respect mutuel. Nous aurions préféré que nos enfants et petits-enfants soient préservés, et qu’en place de servir l’armée, ils apprennent le tennis ou le piano. Mais avec qui faire cette paix ? Y a-t-il quelqu’un en face ? La paix avec soi-même, qui est d’ordre psychologique, peut être décrétée unilatéralement. Mais la paix avec l’autre, qui est d’ordre politique, nécessite l’existence d’un adversaire capable de se transformer en partenaire. Or ce partenaire absent se fait encore et toujours attendre. Nul n’est parfait, et nous avons parfois fait des erreurs. Nous nous sommes souvent raidis, mais le peuple à la nuque raide, comme nous décrit la Bible, attend encore une main qui vienne prendre celle que nous voulons bien tendre. Nous l’attendons encore… Pourtant, traversant tous ces obstacles, malgré les pseudo-vérites, les vraies désillusions et les fausses victoires, il faudra bien l’atteindre cette paix qui, comme l’horizon, s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en approche. Alors, même si nous avons vaincu avec la force de David et la puissance de Prométhée, même si nous avons donné la suprématie au droit sur l’arbitraire, et à la lumière sur l’obscurantisme, il nous faudra la ruse d’Ulysse, en même temps que la résilience et la magnanimité de Joseph. Il nous faudra la ténacité de l’un et la persévérance de l’autre. Nous les aurons évidemment. Nous n’avons pas d’autre choix. Survivre est notre deuxième nature. Il n’y a pas d’alternative.
lhistoire ne se répète pas mais elle bégaie. by | Nov 7, 2021 | Uncategorized | 0 comments | Nov 7, 2021 | Uncategorized | 0 comments
Au début des années 1960, au plus fort de la première guerre froide entre l’Amérique et l’Union soviétique, mon ancienne arme, l’armée de l’air, a cherché à construire 10 000 missiles nucléaires terrestres. Ces missiles étaient destinés à renforcer les centaines de bombardiers nucléaires que l’armée possédait déjà , tels les B-52 présentés de manière si mémorable dans le film Dr Strangelove. Comme on pouvait s’y attendre, la surenchère massive était justifiée au nom de la dissuasion », même si le plan de guerre nucléaire en vigueur à l’époque visait plutôt à l’anéantissement. Il prévoyait une attaque dévastatrice de l’Union soviétique et de la Chine communiste qui tuerait environ 600 millions de personnes en six mois l’équivalent de 100 holocaustes, note Daniel Ellsberg dans son livre The Doomsday Machine. Des cerveaux un peu plus sensés l’ont finalement emporté – en ce sens que l’armée de l’air a finalement obtenu seulement » 1 000 de ces missiles nucléaires Minuteman. Source Tom Sispatch, William J. Astore Traduit par les lecteurs du site Les-Crises En dépit de pourparlers entre les États-Unis et l’Union soviétique quant à la limitation des armements stratégiques, la terrible menace d’un Armageddon [Bataille finale, décisive et destructive, NdT] nucléaire a persisté, atteignant un nouveau sommet dans les années 1980, pendant la présidence de Ronald Reagan. À l’époque, il a déclaré, et tout le monde s’en souvient, que l’Union soviétique était un empire du mal », tandis que des Pershing II à capacité nucléaire et des missiles de croisière à lancement terrestre étaient envoyés en urgence en Europe. Au même moment, nombre d’Européens, rejoints par quelques Américains, sont descendus dans les rues pour demander un gel nucléaire – la fin des nouvelles armes nucléaires et du déploiement dévastateur de celles qui existaient déjà . Si seulement… C’est dans cet environnement exaltant que je me suis retrouvé, en uniforme, travaillant dans l’ultime redoute nucléaire de la guerre froide. Je me trouvais sous 600 mètres de granit massif, dans un poste de commandement du NORAD North American Aerospace Defense construit dans la Cheyenne Mountain, à l’extrémité sud de la chaîne de montagnes du Colorado qui comprend Pikes Peak. Lorsque je n’étais pas en service, j’avais pris l’habitude de randonner le long d’un sentier qui me conduisait presqu’au niveau du sommet de la Cheyenne Mountain. Là , je pouvais voir la redoute d’un œil neuf, toutes antennes clignotantes, prête à recevoir et à relayer des avertissements et des ordres qui auraient pu aboutir à mon anéantissement lors d’une frappe initiale ou d’une contre-attaque soviétique. Pourtant, pour être honnête, je n’ai pas beaucoup réfléchi à la perspective d’un Armageddon. En tant que jeune lieutenant de l’armée de l’air, j’étais fasciné par le rôle minuscule que je jouais dans une machine militaire d’une puissance inimaginable. Et en tant que randonneur sorti de mon uniforme, je faisais toujours de mon mieux pour savourer l’air vivifiant, le soleil éclatant et le ciel d’un bleu profond lorsque je grimpais près de la limite des arbres dans ces montagnes du Colorado. Entouré d’une telle majesté de la nature, j’ai choisi de ne pas accorder plus d’une minute à cette pensée cauchemardesque que je pourrais me trouver à l’épicentre du premier acte de la troisième guerre mondiale. Parce qu’il y avait une chose que je savais avec certitude si la prochaine guerre devenait nucléaire, que je sois en service sous la montagne ou en randonnée dans les environs, je mourrais inévitablement. Et puis on est arrivés à 1991 et à l’effondrement de l’Union soviétique. La guerre froide était terminée ! L’Amérique avait gagné ! Plutôt que de faire des cauchemars du type Red Storm Rising que le romancier Tom Clancy avait imaginés ou du type Red Dawn de Hollywood dans lequel on se trouvait face à une véritable invasion communiste de notre pays, nous pouvions maintenant rêver des dividendes de la paix », de l’Amérique devenant un pays normal en temps normal. C’était, comme le disait l’expression, morning again in America » le soleil se lève à nouveau sur l’Amérique [ première ligne d’une publicité choisie par Ronald Reagan pour sa campagne de la présidentielle en1984 plus fière, plus forte, meilleure, NdT]- ou, du moins, cela aurait pu l’être. Pourtant, je suis assis ici, 30 ans plus tard, au niveau de la mer plutôt que près de la limite des arbres, abasourdi par la résurgence d’une version du XXIe siècle de l’hystérie anticommuniste et par l’idée d’une nouvelle guerre froide avec la Russie, la version résiduelle de l’Union soviétique de mes jeunes années, rejointe par une Chine émergente, toutes deux conspirant toujours ostensiblement pour mettre en danger notre sécurité nationale, du moins c’est ce que nous disent les experts tant du Pentagone que de l’extérieur de celui-ci. Veuillez m’excuser pendant que mon jeune moi de 28 ans pose quelques questions à mon moi grincheux de 58 ans Mais bon Dieu, que s’est-il passé ? Bon sang, nous avons gagné la guerre froide il y a trois décennies. De manière décisive ! Comment, alors, avons-nous pu en laisser émerger une nouvelle ? Pourquoi une nation saine d’esprit voudrait-elle se battre de nouveau dans une guerre qu’elle a déjà gagnée au prix fort ? Quelle personne saine d’esprit voudrait appuyer sur le bouton replay » d’un paradigme stratégique aussi coûteux et potentiellement cataclysmique que la dissuasion par la DMA [Destruction mutuelle assurée La Mutually Assured Destruction est une doctrine stratégique consacrant la dissuasion. Elle résulte de la reconnaissance par les États-Unis et par l’Union soviétique d’une parité stratégique imposant le non-emploi de l’arme nucléaire, NdT], ou destruction mutuelle assurée ? Découvrez la nouvelle guerre froide – identique à celle du passé Très honnêtement, se demander qui », comment » et pourquoi » me déprime. Répondre à qui » est assez simple le complexe militaro-industriel du Congrès, qui trouve que les armes nucléaires génocidaires sont rentables, voire louables. Le chef de file de la plus récente brigade de la mort est l’armée de l’air, mon ancienne arme. Ses dirigeants veulent de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux ICBM, plusieurs centaines en fait, pour un coût potentiel de 264 milliards de dollars, afin de remplacer les Minutemen qui sont toujours en état d’alerte, en attente de commencer à infliger la mort à une échelle inimaginable, sans parler de déclencher un hiver nucléaire mondial, si jamais ils sont lancés en masse en français dans le texte. Non seulement l’armée de l’air souhaite ces nouveaux missiles, mais elle veut également se doter de nouveaux bombardiers stratégiques, des B-21 Raider pour être précis le 21 » pour notre siècle, le Raider » en l’honneur de l’attaque du général Jimmy Doolittle sur Tokyo, quelques mois après Pearl Harbor, qui a redonné le moral aux troupes de la Seconde Guerre mondiale. Le coût potentiel quelque chose comme 200 milliards de dollars jusqu’en 2050. Les nouveaux missiles nucléaires et les bombardiers stratégiques ne sont évidemment pas bon marché. On estime déjà que ces générateurs d’holocauste moderne coûteront au contribuable américain 500 milliards de dollars au cours des trois prochaines décennies. Mais honnêtement, je doute que quiconque en connaisse le prix réel, étant donné les dépassements de coûts dantesques qui semblent être la norme à chaque fois que l’armée de l’air construit quelque chose ces jours-ci. Il suffit de regarder le chasseur F-35, d’une valeur de 1700 milliards de dollars, par exemple, où le F » est apparemment synonyme de Ferrari ou, si vous préférez l’honnêteté brutale, de fiasco. En ce qui concerne le comment » c’est également assez simple. L’immense machine militaire dont j’ai fait partie justifie ces nouveaux armements par les bonnes vieilles tactiques même si elles sont manifestement fallacieuses de la guerre froide. Commençons par l’inflation des menaces. Autrefois, les politiciens et les généraux vantaient les fausses insuffisances » en matière de bombardiers et de missiles. Aujourd’hui, on nous parle de la Chine qui construit des silos à missiles, comme s’il s’agissait d’une nouvelle menace grave pour nous. Ce qui n’est pas le cas, même en admettant que la Chine soit assez stupide pour les construire. Un article récent du New Yorker concernant le programme de missiles balistiques de l’Iran est typique de cette tendance. Citant une estimation du Pentagone, le journaliste indique que la Chine pourrait avoir au moins mille bombes [nucléaires] d’ici 2030 ». Parbleu ! Tremblez de peur ! Pourtant, l’article oublie de mentionner la supériorité écrasante des armes nucléaires américaines et le nombre réel d’ogives et de bombes nucléaires dont disposent nos dirigeants. Les chiffres actuels en gros 5 600 ogives nucléaires pour les États-Unis, 350 pour la Chine. Dans le même temps, l’Iran, qui ne possède aucune arme nucléaire, est néanmoins qualifié de menace sérieuse, un rival de plus en plus rusé », dans le même article. Un adversaire rival » – quelle absurdité ! Une nation sans armes nucléaires n’est pas un adversaire rival de la superpuissance qui a atomisé Hiroshima et Nagasaki en 1945, tuant 250 000 Japonais, et qui a planifié la destruction totale de l’Union soviétique et de la Chine dans les années 1960. Croyez-moi, personne, mais vraiment personne, ne rivalise avec l’armée de ce pays lorsqu’il s’agit de scénarios apocalyptiques – que ce soit au sujet de la disposition d’esprit nécessaire ou de la capacité à les concrétiser. Sur le plan nucléaire, l’Iran ne représente aucune menace et la Chine est facilement dissuadée, voire complètement dépassée, rien qu’avec la flotte de sous-marins lance-missiles Trident de la marine américaine. Traiter l’Iran comme un rival » et la Chine comme un quasi-pair » nucléaire est la pire forme d’inflation des menaces et imaginer une guerre nucléaire de quelque nature que ce soit est une aberration sans borne. Venons-en au pourquoi » qui est également assez simple, et c’est ce qui me révulse. Les fabricants d’armes, bien que guidés par le profit, se font passer pour des créateurs d’emplois. Ils parlent d’ »investir » dans de nouvelles armes nucléaires ; ils mentionnent la nécessité de moderniser » l’arsenal, comme si les armes nucléaires présentaient un retour sur investissement remarquable ainsi qu’une date d’expiration. Ce dont ils ne parlent pas et ne parleront jamais, c’est du caractère déstabilisant, redondant, inutile, immoral et incroyablement effroyable de ces armes. Les armes nucléaires traitent les êtres humains comme de la matière à irradier et à faire disparaître. On trouve l’une des meilleures représentations cinématographiques de ce cauchemar dans le film de 1991, Terminator II , lorsque Sarah Connor, qui sait ce qui se prépare, ne peut rien faire pour se sauver elle-même, ou pour sauver des enfants sur un terrain de jeu, alors que les bombes nucléaires commencent à exploser. C’est une scène qui devrait être gravée dans tous nos esprits lorsque nous réfléchissons aux implications dantesques des armes que l’armée américaine réclame à cor et à cri. À la fin des années 1980, lorsque j’étais encore à Cheyenne Mountain, j’ai regardé les trajectoires des missiles nucléaires soviétiques qui aboutissaient sur des villes américaines. Bien sûr, cela n’avait lieu que sur l’écran du centre d’alerte antimissiles, piloté par l’enregistrement d’un scénario simulant une attaque, mais c’était plus que suffisant pour moi. Et pourtant, aujourd’hui, mon gouvernement s’engage dans une direction – tant en finançant la modernisation » de l’arsenal américain qu’en créant une nouvelle version de la guerre froide de l’époque où j’étais dans l’armée de l’air – qui risque de rendre à nouveau plausible ce vieil enregistrement qui pourrait se réaliser durant le laps de temps qu’il me reste à vivre. Veuillez, je vous prie, m’excuser, mais où est passée la notion de désarmement nucléaire ? Il y a une quinzaine d’années à peine, de vieux briscards de la guerre froide comme Henry Kissinger, George Schultz et Sam Nunn, rejoints par notre président espoir et changement » Barack Obama, prônaient la fin de la terreur nucléaire via l’élimination réelle et concrète des armes nucléaires. Mais en 2010, Obama a écarté cette possibilité en tentant d’obtenir le soutien du Sénat pour de nouvelles négociations sur la réduction des armes stratégiques avec les Russes. Comme on pouvait s’y attendre, les Sénateurs et les représentants d’États de l’Ouest comme le Wyoming et le Dakota du Nord, qui prospèrent grâce aux bases de l’armée de l’air où sont déployés des bombardiers et des missiles nucléaires, ont rapidement sacrifié l’esprit de la grande négociation d’Obama et restent à ce jour déterminés à déployer de nouvelles armes nucléaires. Ce n’est pas de plus dont nous avons besoin mais de plus du tout Notre pays a évité de justesse un désastre lors de l’ancienne guerre froide et, à l’époque, nous avions des dirigeants d’une certaine compétence et probité comme Dwight D. Eisenhower et John F. Kennedy. Toute cette nouvelle rhétorique de guerre froide et cette politique de la corde raide pourraient ne pas se terminer aussi bien dans une future administration qui pourrait très bien être dirigée, si ce n’est par Donald Trump lui-même, par un va-t-en guerre Trumpiste autoproclamé comme l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo ou le sénateur Tom Cotton. Ils seraient, j’en ai bien peur, adoubés par un nombre croissant d’évangéliques et de nationalistes chrétiens dans l’armée qui pourraient, en termes prophétiques, trouver que l’Armageddon nucléaire est une forme d’accomplissement. C’est ironique, mais en 1987, alors que je travaillais de nuit à Cheyenne Mountain, j’ai lu une grande partie de Red Storm Rising, le thriller de Tom Clancy sur la troisième guerre mondiale [traduit en français par Tempête rouge, NdT]. Heureusement, cette tempête rouge ne s’est jamais levée, en dépit d’un climat qui trop souvent a semblé y être propice. Mais pourquoi recréer maintenant les conditions d’une nouvelle tempête rouge, qui une fois de plus trouve largement ses causes dans nos propres peurs ainsi que dans les fantasmes de profit et de pouvoir du complexe militaro-industriel du Congrès ? Une telle tempête pourrait bien se terminer par une guerre nucléaire, nonobstant les promesses contraires. Si une guerre de ce type est véritablement impossible à gagner, ce qui est le cas, nos militaires ne devraient pas prendre des postures en vue de combattre et gagner » une telle guerre. Je peux vous dire une chose avec certitude il y a un mot que nos généraux connaissent très bien et ce n’est pas gagner », c’est davantage ». Davantage de missiles nucléaires. Davantage de bombardiers nucléaires. Ils n’en auront jamais assez. Il en va de même pour certains membres du Congrès et pour le président. Le peuple américain doit donc apprendre deux mots, pas davantage, et les répéter à ces mêmes généraux et à ceux qui les soutiennent, lorsqu’ils viennent demander quelques 2 000 milliards de dollars pour leur programme de modernisation nucléaire. Dans cet esprit, je vous demande de vous joindre à un jeune lieutenant de l’armée de l’air alors qu’il passe l’énorme porte blindée de Cheyenne Mountain et s’engage dans le long tunnel. Rejoignez-le alors qu’il respire profondément en sortant de l’obscurité pour retrouver un ciel clair et cristallin, et regardez les lumières de la ville tout en bas et entendez le pouls de l’humanité qui vous fait face. Une autre nuit de devoir accompli, une autre nuit pendant laquelle la guerre nucléaire n’a pas éclaté, un autre jour pour profiter des bienfaits de cette planète merveilleuse qui est la nôtre. La nouvelle guerre froide de l’Amérique met en péril ces bienfaits, cette merveille. C’est pourquoi nous devons impérativement nous extraire des tunnels construits par la peur et la cupidité et ne jamais y retourner. Nous devons dire non » à de nouvelles armes nucléaires et nous engager à nouveau à éliminer toutes ces armes où que ce soit. Nous avons eu l’occasion de nous engager dans cette voie il y a 30 ans, au lendemain de la première guerre froide. Nous avons eu une nouvelle chance lorsque Barack Obama a été élu. Les deux fois, nous avons échoué. Il est enfin temps que ce pays réussisse à nouveau quelque chose – quelque chose de noble, quelque chose d’autre que la perpétuation de la guerre meurtrière et la production effroyable d’armes génocidaires. Après tout, seuls les imbéciles rejouent des scénarios qui se terminent en apocalypse. William Astore, lieutenant-colonel USAF à la retraite et professeur d’histoire, est un habitué de TomDispatch, il est membre fondateur de l’Eisenhower Media Network EMN, une organisation de vétérans militaires critiques et de professionnels de la sécurité nationale. Son blog personnel s’intitule Bracing Views. Source Tom Sispatch, William J. Astore, 18-01-2022 Traduit par les lecteurs du site Les-Crises Nous vous proposons cet article afin d’élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l’auteur aurait pu tenir par ailleurs – et encore moins par ceux qu’il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l’auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Lhistoire ne se répète pas, elle bégaie ! vendredi 30 août 2013 par François DART. Voici ce texte en vers que Pierre-Jean Vaillard [1918-1988] avait écrit en mai 1984 au moment de la manif pour l’École libre Vous allez sourire car on s’y croirait ! C’est fort bien écrit et ça marche à condition de changer d’époque et de nom Comme l’histoire se renouvelle
Damien Traille a ajouté un nouveau titre à une carrière déjà bien remplie. © Crédit photo photo david le deodic Par Denys kappès-grangéPublié le 13/04/2015 à 0h00Mis à jour le 13/04/2015 à 4h52 Le retour de Damien Traille dans son club formateur restera aussi synonyme de retour dans l’élite. Denys kappès-grangé ne se répète pas. Mais parfois, elle peut bégayer. C’est sans doute l’impression qu’a eu le centre Damien Traille. Si ce n’est plus… Samedi soir, l’ancien international aux 86 sélections en équipe de France a peut-être même eu le sentiment d’avoir embarqué dans la DeLorean du Doc du film Retour vers le futur ».Il y a 15 ans... ne se répète pas. Mais parfois, elle peut bégayer. C’est sans doute l’impression qu’a eu le centre Damien Traille. Si ce n’est plus… Samedi soir, l’ancien international aux 86 sélections en équipe de France a peut-être même eu le sentiment d’avoir embarqué dans la DeLorean du Doc du film Retour vers le futur ».Il y a 15 ans, le Nayais formé à la Section, remportait le Challenge européen 2000 aux côtés de joueurs tels que Joël Rey et David Aucagne. Samedi soir, à 35 ans, il a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès en remportant ce titre de champion de France de Pro D2 avec ses anciens partenaires sur le banc. Ce clin d’œil ne le laisse évidemment pas indifférent J’ai gagné un Bouclier européen avec Pau et quatorze ans après, je reviens ici et je gagne un titre de Pro D2. » Tout est des comparaisons capilotractées », cela illustre surtout l’histoire d’un retour réussi. Qu’on le veille ou non, le retour de Damien Traille à la Section, quatorze ans après l’avoir quitté pour construire sa carrière et son palmarès à Biarritz Ndlr, deux Brennus, 2004, 05, sera accolé à la résurrection du club béarnais au plus haut niveau. Il n’y a pas plus beau »L’ancien international, qui a disputé trois coupes du Monde, savoure ce coup de maître C’est sûr que c’était un pari difficile. Je savais très bien qu’en revenant ici, j’allais être attendu. Le public est connaisseur. Mais revenir avec un titre, je pense qu’il n’y a pas plus beau. » Avait-il rêvé pareil scénario ? J’espérais jouer le haut du tableau, et un titre, comme le fait la Section depuis plusieurs saisons. » David Aucagne, son entraîneur et ami, salue la performance Pour Damien, c’est super. » Inutile de faire long pour aller à l’ ne se risquera pas à dire que cette joie lui fera oublier une ultime saison amère sur la Côte basque, marquée par la relégation du BO. Damien Traille se concentre de toute façon uniquement sur le présent On s’est retrouvé dans les vestiaires avec le staff, on est allé partager ça avec le public. Je pense qu’on ne mesure pas la fierté que ça représente pour les gens. J’ai été surpris de voir l’enthousiasme qu’il y avait autour de ce club. Il y a des affluences de 10 000 spectateurs tous les week-ends. Ça prouve que le club s’est donné les moments d’évoluer plus haut. C’est fait désormais, les prochains jours vont être compliqués. » Il a tout le temps pour y avoir remporté deux Brennus en 2004 et en 2005, ainsi qu’un Challenge européen supplémentaire en 2012, le Nayais enrichit sa collection. La joie est-elle toujours la même ? On en avait parlé ces dernières semaines un titre c’est fabuleux quel qu’il soit. On peut avoir des longues carrières sans être sûrs d’en gagner. On a la chance de s’entraîner et de jouer pour ça. C’est une grosse satisfaction. Individuelle bien sûr, mais d’abord collective parce que ça faisait un petit moment que le club voulait retrouver l’élite. Aujourd’hui, c’est l’aboutissement d’un travail de plusieurs saisons où le club s’est construit c’est la récompense. On va savourer avec tout le monde. »EmpreinteEt le plaisir qu’il ressent est au diapason de cette ambiance J’étais parti de Pau un peu déçu parce que c’était ce club qui m’avait permis de vivre tout ça. J’étais arrivé à Biarritz et j’étais devenu champion. En revenant ici, j’ai la chance de remporter ce titre c’est une histoire fantastique. Maintenant, on va savourer et on pensera au Top 14 plus tard. » Au crépuscule de sa carrière, celui qui apparaît comme l’international le plus capé de l’histoire de la Section aura donc réussi à marquer de son empreinte ses deux clubs de cœur. Voilà un coup à se retrouver avec des statuts face au Hameau et à Aguilera. Damien Traille rigole avant de s’enfuir J’en veux pas. » La suite de cet articleest réservée aux abonnées. Découvrez l'offre Premium Le journal + L’accès à l'intégralité des articles depuis 1944 + l’Édition du soir + Le Club abonnés Déjà abonné ? Se connecter
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l histoire ne se répète pas elle bégaie