Accord d'entreprise dĂ©finition Quâest-ce quâun accord d'entreprise ? Câest le rĂ©sultat dâune nĂ©gociation entre dâune part, les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, des Ă©lus ou des salariĂ©s, mandatĂ©s ou non et dâautre part, l'employeur. En principe, lâaccord dâentreprise vise Ă adapter les rĂšgles gĂ©nĂ©rales prĂ©vues par le Code du travail aux besoins spĂ©cifiques d'une entreprise. Depuis la loi El Khomri, plus connue sous le nom de loi Travail, lâaccord d'entreprise peut, dans certains domaines, se substituer Ă un accord de branche y compris si l'accord d'entreprise est moins favorable que l'accord de branche. Cette mesure a donc entraĂźnĂ© ce que lâon appelle une inversion de la hiĂ©rarchie des normes. RĂ©cemment, les ordonnances Macron ont dâailleurs confirmĂ© cette inversion de la hiĂ©rarchie des normes en donnant Ă lâaccord dâentreprise une place de plus en plus importante dans lâorganisation des relations sociales au sein de lâentreprise. Ainsi, par exemple, depuis les ordonnances Macron, les rĂšgles relatives aux jours de congĂ© payĂ©s, Ă la RTT, aux primes dâanciennetĂ©, aux primes de 13Ăšme mois et mĂȘme, aux jours de congĂ©s maternitĂ© supplĂ©mentaires peuvent ĂȘtre librement fixĂ©es par accord dâentreprise mĂȘme si celles-ci sont dĂ©jĂ prĂ©vues par la convention collective ou par un accord de branche. Accords d'entreprise Lâaccord dâentreprise est un accord collectif nĂ©gociĂ© au niveau de lâentreprise afin dâadapter les rĂšgles issues du Code du travail Ă la rĂ©alitĂ© de lâentreprise. Cet accord rĂ©sulte dâun dialogue social entre dâune part les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux de lâentreprise ou Ă dĂ©faut des Ă©lus ou des salariĂ©s mandatĂ©s et dâautre part lâemployeur. DĂ©couvrir tous les contenus liĂ©s Lâarticulation accord dâentreprise/accord de branche Depuis le 1er janvier 2018, il est possible de distinguer 3 blocs permettant dâorganiser lâarticulation entre un accord dâentreprise et un accord de branche Bloc 1 Lâaccord de branche prime Dans 13 domaines diffĂ©rents, lâaccord de branche prime sur lâaccord dâentreprise conclu avant ou aprĂšs son entrĂ©e en vigueur. Il sâagit notamment des domaines suivants les salaires minimaux, les classifications, la pĂ©riode dâessai, la durĂ©e minimale du travail Ă temps partiel, les majorations des heures supplĂ©mentaires, la durĂ©e et le nombre de renouvellements des CDD et les contrats de mission. Si toutefois dans ces domaines lâaccord dâentreprise assure aux salariĂ©s des garanties au moins Ă©quivalentes », il peut alors sâappliquer. Bloc 2 Lâaccord de branche prime de maniĂšre optionnelle Dans quatre autres domaines, lâaccord de branche peut verrouiller les accords dâentreprise conclus postĂ©rieurement. Ces accords ne peuvent comporter de dispositions diffĂ©rentes Ă lâaccord de branche que sâils assurent aux salariĂ©s des garanties au moins Ă©quivalentes. Les domaines concernĂ©s sont les domaines suivants la prĂ©vention des risques professionnels, lâemploi des personnes handicapĂ©es, la condition dâeffectif pour la dĂ©signation dâun dĂ©lĂ©guĂ© syndical, le nombre de dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux et la valorisation des parcours syndicaux, les primes de travaux dangereux ou insalubres. Bloc 3 Lâaccord dâentreprise prime Dans tous les autres domaines, lâaccord dâentreprise prime sur les dispositions de lâaccord de branche conclu avant ou aprĂšs son entrĂ©e en vigueur, mĂȘme si ces derniĂšres sont plus favorables. DĂšs lors, lâaccord de branche sâapplique Ă dĂ©faut dâaccord dâentreprise. Notons une disposition spĂ©cifique concernant lâarticulation accord dâentreprise/contrat de travail ». En effet, les accords de rĂ©duction du temps de travail, de mobilitĂ© interne, de prĂ©servation et de dĂ©veloppement de lâemploi, ainsi que de maintien de lâemploi sont dĂ©sormais regroupĂ©s dans un seul dispositif intitulĂ© lâaccord visant Ă rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s liĂ©es au fonctionnement de lâentreprise ou Ă prĂ©server ou dĂ©velopper lâemploi ». Cet accord permet dâamĂ©nager la rĂ©munĂ©ration sous respect du Smic et des minima conventionnels, la durĂ©e du travail et ses modalitĂ©s dâorganisation et de rĂ©partition, ou dâimposer aux salariĂ©s une mobilitĂ© professionnelle ou gĂ©ographique. Cet accord vient alors remplacer les clauses contraires du contrat de travail. Si le salariĂ© refuse, il peut ĂȘtre licenciĂ©. Mais ce licenciement nâa pas un motif Ă©conomique. Il repose sur un motif spĂ©cifique constitutif dâune cause rĂ©elle et sĂ©rieuse. Le salariĂ© bĂ©nĂ©ficie alors des mĂȘmes droits quâen cas de licenciement pour motif personnel mais aussi dâun abondement de son compte personnel de formation. Les nĂ©gociateurs de l'accord dâentreprise Si en principe, ce sont les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux qui nĂ©gocient les accords dâentreprises, les ordonnances Macron ont Ă©largi et renforcĂ© les modalitĂ©s de nĂ©gociation dans les entreprises dĂ©pourvues de dĂ©lĂ©guĂ© syndical. Ainsi, il est dĂ©sormais Ă©tabli quâun accord dâentreprise peut ĂȘtre signĂ© par un dĂ©lĂ©guĂ© syndical, par un reprĂ©sentant Ă©lu du personnel ou encore, par un salariĂ© mandatĂ©. Dans les entreprises avec dĂ©lĂ©guĂ© syndical Les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, dĂšs lors quâils sont prĂ©sents, disposent du monopole de la nĂ©gociation des accords dâentreprise.>br/> Pour ĂȘtre valide, l'accord doit ĂȘtre signĂ© dâune part par l'employeur ou son reprĂ©sentant, et dâautre part, par une ou plusieurs organisations syndicales reprĂ©sentatives ayant recueilli plus de 50 % des suffrages exprimĂ©s en faveur d'organisations reprĂ©sentatives au premier tour des derniĂšres Ă©lections des titulaires au comitĂ© social et Ă©conomique du comitĂ© d'entreprise ou Ă dĂ©faut des dĂ©lĂ©guĂ©s du personnel si le CSE n'a pas Ă©tĂ© constituĂ©. Si cette condition n'est pas remplie et si l'accord a Ă©tĂ© signĂ© Ă la fois par l'employeur et par des organisations syndicales reprĂ©sentatives ayant recueilli plus de 30 % des suffrages exprimĂ©s en faveur d'organisations reprĂ©sentatives au premier tour des Ă©lections professionnelles, ces derniĂšres disposent d'un dĂ©lai d'un mois Ă compter de la signature de l'accord pour indiquer qu'elles souhaitent une consultation des salariĂ©s pour valider l'accord. A lâissue de ce dĂ©lai, l'employeur peut demander l'organisation de cette consultation, en l'absence d'opposition de l'ensemble de ces organisations. Si, Ă l'issue d'un dĂ©lai de huit jours Ă compter de cette demande ou de l'initiative de l'employeur, les Ă©ventuelles signatures d'autres organisations syndicales reprĂ©sentatives n'ont pas permis d'atteindre le taux de 50 %, cette consultation est organisĂ©e dans un dĂ©lai de deux mois. L'accord est valide s'il est approuvĂ© par les salariĂ©s Ă la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s. A dĂ©faut d'approbation, l'accord est alors rĂ©putĂ© non Ă©crit. Les thĂšmes abordĂ©s dans un accord dâentreprise Dans les entreprises de moins de 11 salariĂ©s. Dans les entreprises sans dĂ©lĂ©guĂ© syndical et dont lâeffectif habituel est infĂ©rieur Ă 11 salariĂ©s, lâemployeur peut proposer un projet dâaccord. Ce projet dâaccord porte sur lâensemble des thĂšmes ouverts Ă la nĂ©gociation collective dâentreprise par le Code du travail la durĂ©e et lâamĂ©nagement du temps de travail, lâĂ©galitĂ© professionnelle, les salaires, etc. Lâemployeur rĂ©dige donc lâaccord dâentreprise et le soumet ensuite Ă la ratification du personnel. Cette possibilitĂ© de nĂ©gociation peut aussi sâappliquer aux entreprises dont lâeffectif habituel est compris entre 11 et 20 salariĂ©s, en lâabsence de membre Ă©lu de la dĂ©lĂ©gation du personnel du CSE. Notons que lâemployeur ne peut se prĂ©valoir de cette facultĂ© que sâil dispose dâun procĂšs-verbal de carence Ă la suite de lâĂ©lection des membres Ă©lus du CSE. Dans les deux cas entreprises de moins de 11 salariĂ©s et entreprise de 11 Ă 20 salariĂ©s, le projet dâaccord doit, pour ĂȘtre valide, ĂȘtre approuvĂ© Ă la majoritĂ© des deux tiers du personnel. La consultation du personnel doit ĂȘtre organisĂ©e au terme dâun dĂ©lai de 15 jours suivants la communication du projet dâaccord Ă chaque salariĂ©. Dans les entreprises de 11 Ă 49 salariĂ©s Dans les entreprises dĂ©pourvues de dĂ©lĂ©guĂ© syndical et dont lâeffectif habituel est compris entre 11 et 49 salariĂ©s, un accord dâentreprise peut ĂȘtre conclu selon une des deux modalitĂ©s suivantes Avec un ou des Ă©lus titulaires du CSE, mandatĂ©s ou non par une organisation syndicale reprĂ©sentative, reprĂ©sentant la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s en faveur des membres du CSE aux derniĂšres Ă©lections professionnelles ; Avec un ou des salariĂ©s, non Ă©lus, mandatĂ©s par une organisation syndicale reprĂ©sentative lâaccord doit alors ĂȘtre approuvĂ© par les salariĂ©s Ă la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s. Dans les entreprises dâau moins 50 salariĂ©s Dans les entreprises dĂ©pourvues de dĂ©lĂ©guĂ© syndical et dont lâeffectif habituel est dâau moins 50 salariĂ©s, un accord dâentreprise peut ĂȘtre conclu avec un ou des Ă©lus titulaires du CSE mandatĂ©s par une ou plusieurs organisations syndicales reprĂ©sentatives. Lâaccord doit ĂȘtre approuvĂ© par les salariĂ©s Ă la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s. Si les Ă©lus du CSE nâont pas souhaitĂ© ĂȘtre mandatĂ©s par une organisation syndicale, un accord dâentreprise peut ĂȘtre conclu avec les Ă©lus titulaires du CSE non mandatĂ©s, reprĂ©sentant la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s en faveur des membres du CSE aux derniĂšres Ă©lections professionnelles. Il nâest pas nĂ©cessaire de valider lâaccord par rĂ©fĂ©rendum. Notons que cet accord ne peut porter que sur les mesures dont la mise en Ćuvre nĂ©cessite un accord collectif par exemple la mise en place dâun accord sur la durĂ©e et lâamĂ©nagement du temps de travail. Si aucun Ă©lu nâa souhaitĂ© nĂ©gocier, un accord dâentreprise peut ĂȘtre nĂ©gociĂ© avec un salariĂ© mandatĂ© par une organisation syndicale reprĂ©sentative. Pour ĂȘtre validĂ©, lâaccord dâentreprise doit ĂȘtre approuvĂ© par les salariĂ©s Ă la majoritĂ© des suffrages exprimĂ©s. Les modalitĂ©s de dĂ©pĂŽt et de publicitĂ© de l'accord d'entreprise Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'employeur peut organiser des nĂ©gociations sur tous les thĂšmes qu'il souhaite et ce, quelle que soit la pĂ©riode de l'annĂ©e. Ainsi, un accord dâentreprise peut traiter de congĂ©s supplĂ©mentaires, dâune prime particuliĂšre, dâun rythme de travail adaptĂ© Ă lâentreprise, etc. Un accord dâentreprise peut mĂȘme dĂ©sormais dĂ©terminer lâorganisation, lâarchitecture et le contenu de la base de donnĂ©es Ă©conomiques et sociales BDES. Rappelons que dans les entreprises de plus de 50 salariĂ©s, la mise en place dâun BDES est obligatoire. JusquâĂ rĂ©cemment, les modalitĂ©s de mise en Ćuvre de cette BDES Ă©taient uniquement dĂ©terminĂ©es par le Code du travail et sâimposaient Ă lâemployeur. En dehors de ces nĂ©gociations facultatives, il existe une nĂ©gociation annuelle obligatoire sur les thĂšmes suivants les salaires effectifs, les complĂ©mentaires et les mutuelles ; lâorganisation et le temps de travail ; la relation entre vie personnelle et vie professionnelle ; lâĂ©galitĂ© professionnelle ; les primes dâintĂ©ressement, la participation des salariĂ©s aux bĂ©nĂ©fices de lâentreprise ; les compĂ©tences des salariĂ©s ; le maintien de personnes handicapĂ©es et des seniors au travail, lâinsertion professionnelle de maniĂšre gĂ©nĂ©rale ; la prise en compte de la pĂ©nibilitĂ© du travail De mĂȘme, une nĂ©gociation annuelle obligatoire est organisĂ©e sur le rĂ©gime de prĂ©voyance maladie si les salariĂ©s n'en bĂ©nĂ©ficient pas. Il doit aussi organiser une discussion annuelle sur lâĂ©pargne salariale. De plus, dans les entreprises de plus de 300 salariĂ©s, les thĂšmes suivants sont obligatoirement nĂ©gociĂ©s dans un accord dâentreprise les conditions dâinformation et de consultation du CSE et son influence sur lâemploi et les salaires ; la gestion des compĂ©tences des salariĂ©s et leur mobilitĂ© gĂ©ographique et professionnelle dans lâentreprise ; les conditions dâinformation et de consultation lorsque lâentreprise souhaite licencier au moins 10 salariĂ©s sur une pĂ©riode infĂ©rieure Ă 30 jours. A noter. Lâemployeur a lâobligation dâappliquer les dispositions mentionnĂ©es dans lâaccord dâentreprise. Il existe dâailleurs des sanctions en cas de non-respect de lâaccord dâentreprise par exemple, le versement de dommages et intĂ©rĂȘts. La dĂ©nonciation de l'accord d'entreprise Bien entendu, seul lâaccord dâentreprise Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e peut ĂȘtre dĂ©noncĂ©. Si un accord dâentreprise est Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e, il ne peut pas ĂȘtre dĂ©noncĂ©. Pour quâil cesse de produire ses effets, il faut attendre lâarrivĂ©e du terme. Un accord dâentreprise peut ĂȘtre dĂ©noncĂ© Ă condition que la procĂ©dure suivante soit respectĂ©e Information des signataires de l'accord par lettre recommandĂ©e avec accusĂ© de rĂ©ception ; RĂ©daction dâune dĂ©claration de dĂ©nonciation de l'accord il faut alors se servir du formulaire Cerfa n°13092*03. Il faut dĂ©poser deux exemplaires un exemplaire papier et un exemplaire Ă©lectronique aux services du ministre du travail et au greffe du conseil de prudâhommes. Lâaccord doit Ă©galement ĂȘtre dĂ©posĂ© Ă la Direction RĂ©gionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de lâEmploi DIRECCTE. DĂšs lors que l'accord est dĂ©noncĂ©, une nouvelle nĂ©gociation est alors ouverte dans un dĂ©lai de trois mois afin de nĂ©gocier un accord de substitution. Lâengagement dâune nĂ©gociation est obligatoire. Lâemployeur doit ainsi convoquer toutes les organisations syndicales reprĂ©sentatives de son entreprise pour participer Ă cette nĂ©gociation. Si aucun accord de substitution n'est trouvĂ©, les dispositions de l'ancien accord dâentreprise restent valables pendant une pĂ©riode de survie Ă©gale Ă un an. Depuis la loi Travail, si aucun nouvel accord nâa Ă©tĂ© trouvĂ©, lâemployeur nâa que lâobligation de maintenir la rĂ©munĂ©ration annuelle des salariĂ©s. La rĂ©munĂ©ration Ă prendre en compte est celle des 12 mois prĂ©cĂ©dant la date Ă laquelle lâaccord collectif a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©. La garantie de rĂ©munĂ©ration peut ĂȘtre assurĂ©e par le versement dâune indemnitĂ© diffĂ©rentielle Ă©gale Ă la diffĂ©rence entre la rĂ©munĂ©ration qui Ă©tait dĂ» au salariĂ© selon lâaccord dĂ©noncĂ© et la rĂ©munĂ©ration du salariĂ© aprĂšs la dĂ©nonciation.